Le Paradis des célibataires – Herman Melville

Le Paradis des célibataires est une nouvelle de l’américain Herman Melville (1819 – 1891)

Dans cet extrait, un dîner de célibataires à New-York…

L’appartement n’était pas très loin du ciel. Je ne sais plus combien de marches, vieilles et étranges, je dus gravir pour l’atteindre. Un bon dîner, une compagnie fameuse se méritent. Nul doute que la haute altitude de la salle à manger était faite pour assurer l’exercice préalable et nécessaire à la juste appréciation et à la bonne digestion du repas.

Le mobilier était vieux : une merveille de confort, mais sans prétention. Nulle part le flambant neuf d’un acajou encore poissé de verni mal séché ; nulle part ces ottomanes au luxe inconfortable, ces sofas à la finesse dissuasive. Rien d’incommodant dans cet appartement apaisant. C’est la leçon que tout Américain sensé devrait retenir de tout Anglais sensé : ni l’éclat, ni le clinquant, ni le toc, ni la babiole ne sont indispensables au bien-être domestique. L’époux américain va jusqu’en ville pour avaler, à la hâte, une côtelette bien coriace dans la dorure m’as-tu-vu d’un décor de buis. Le célibataire anglais dîne calmement chez lui d’un incomparable présalé, sa spécialité, sur une table en sapin massif.

Le plafond de la pièce était bas. Mais qui voudrait dîner sous le dôme de Saint-Pierre ? Les hauts plafonds ! Si c’est ce que vous voulez, si pour vous, plus c’est haut, mieux c’est, si vous êtes vraiment si grand, allez donc manger dehors, sous les étoiles, avec les girafes : vous serez en haute compagnie.

Pour aller plus loin :

La suite directe de ce passage se trouve dans le thème : A table !

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